On dirait qu’on a vécu

Deux comédiens sur scène ont une pièce à jouer, une pièce qu’ils ont écrite. Au début, ils étaient heureux de cette nouvelle aventure, de ce terrain vaste à explorer, de cet espace à conquérir. Ensemble. Tous les deux.

Mais très vite, un désaccord majeur est apparu : l’un veut dire le vrai, ne pas tricher. L’autre ne veut pas s’attacher au réel et considère qu’il ne triche pas pour autant.

Vient le soir de la représentation. Ils ont sûrement discuté a n de trouver un consensus, car, oui, cette création, nous la portons à deux et il n’est pas question de la sacrifier sur l’autel de nos égos.

Pourtant, dès le début, les camps se forment et ce qui devait vraiment se jouer, se joue désormais. Sur la scène, ce sont deux théâtres qui s’affrontent et deux personnalités que tout oppose mais qui ont pour point commun la nécessité de dire, de porter une voix.

Par l’expression de ces voix, les différences s’atténueront peu à peu et se complèteront pour mieux se réunir en une sorte de « projet » commun.

La pièce, peut-être, qu’ils auraient dû écrire.

Ce choc et cette rencontre avaient sûrement besoin de ce plateau, de ces lumières qui aveuglent, de ces gens qui regardent et écoutent, comme si cette réduction du monde était le seul espace possible pour l’échange sincère et profond.

Il s’agit, dans On dirait qu’on a vécu, pour ces deux hommes, de trouver l’équilibre ou, du moins, de tendre vers celui-ci, de parvenir à être conciliants et, en acceptant d’aller sur le terrain de l’autre, de constater qu’en n de compte, on ne veut qu’une chose : donner la parole, à soi et à des milliers d’autres.

« Car c’est ainsi seulement que l’on se réconcilie »